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LGMW MAGAZINE

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Writer's pictureAgnès Plaindoux

Hortense (in French)




Un prénom sur une liste de rendez-vous du jour.

Je ne te connais pas, avant d’ouvrir la porte du bureau je t’imagine

D’ou viens tu ? Pourquoi ce rendez-vous ? quel âge as-tu ?

Hortense n’est pas un prénom courant en France, 

peut-être encore porté par de très vielles dames


Adressée par les services de la préfecture, de l’immigration

Ton passeport ta carte A.M.E., aide médicale de l’état

Ils savent que dans ce bureau tu seras accueillie

Tu tousses beaucoup, dépistage de tuberculose oblige

avant un retour dès que possible dans ton pays d’origine.


Ta peau est noire, ta coiffure tressée avec art cache une calvitie

Tu es mince, un chemisier jaune, une jupe droite, des mocassins vieillis, noirs, cirés

Tu te dissimules derrière ton regard

Tu me guettes, l’habitude de l’humiliation de la souffrance

Pas de révolte, plus


Auscultation, radiographie, examen,

ta respiration repose sur quelques alvéoles sauvées par miracle de la destruction

Tu me souffles quelques questions

L’urgence est au soin

La confiance s’installe

Tu repars avec un traitement

Tu veux faire ce qu’il faut pour aller mieux

Nous allons nous revoir.


Toujours discrète, à l’écoute, vêtue avec le respect de toi même

malgré la souffrance, malgré un souffle court

pas de remboursement, pas de médicaments hors AMM

Un jour une esquisse de sourire, tu avais un travail dans la restauration

La semaine d’après voile d’inquiétude, il fallait remplir ce fameux document,

celui de la préfecture signé par médecin qui justifie que ton autorisation de séjour soit prolongée pour cause de soins si ceux ci sont impossible dans ton pays

Je savais alors que tu étais originaire du Congo


Le lendemain, tu n’as plus de larmes pour me dire le refus administratif

Le retour malgré tes efforts au statut d’OQTF, acronyme odieux

Tu me dis, ce soir je dors dehors, cela m’arrive souvent 

mais je trouve toujours quelqu’un qui héberge ma fille

J’apprends que tu es venue en France avec ta fille âgée de 6 ans

Je saurais plus tard que tu as laissé au pays 5 autres enfants, des garçons ? et ton mari

La salle d’attente est pleine, peu importe,

Ce soir tu ne dormiras pas dehors

Activer les contacts d’associations d’accueil

Quelques questions, méfiance malgré tout,

quel entourage ? que faire ? attention …

enfin une adresse à laquelle tu vas te rendre ….


Ton parcours jalonné de maisons d’accueil, d’appels d’assistantes sociales,

empathiques, inquiètes, scandalisées d’un humanisme en berne.


Je sais que tu vas mieux, que tu as pris un peu de poids

que rien ne pourras réparer ce qui est détruit

que tu es une femme forte

que tu n’es pas dupe 


Tu me parles de l’accident de ta fille, renversée par un scooter,

elle va peut-être perdre un œil

Fière un peu plus tard tu viendras en consultation, de retour sur la ville 

de notre rencontre, avec elle, une nouvelle épreuve franchie avec succès.


D’autres soignants te fermeront la porte car tu as un peu de retard,

d’autres exigeront la monnaie de la consultation

« on ne sait jamais…tu comprends le déficit de la sécu… »

Non je ne comprends pas !!

Jamais tu ne te plaindras, jamais tu ne répondras


Mon cabinet est maintenant fermé

J’aimerais tant avoir de tes nouvelles

L’hypocrisie d’un accueil de papier,

la peur de l’autre, qui est juste un vivant qui souffre,

un autre nous-même,

des valeurs qui restent une incompréhensible réalité.


Mais il y a toi Hortense

une très belle personne qui nous parle du monde

de ses horreurs, de ses trésors.


24/07/2023


Autotranslation into English:


HORTENSE


A first name on a list of today's appointments.

I don't know you, before opening the office door I imagine you

Where do you come from ? Why this meeting? how old are you ?

Hortense is not a common first name in France,

perhaps still worn by very old ladies

Addressed by the prefecture and immigration services

Your passport your A.M.E. card, state medical aid

They know that in this office you will be welcomed

You cough a lot, tuberculosis screening requires

before returning as soon as possible to your country of origin.

Your skin is black, your artfully braided hairstyle hides baldness

You are thin, a yellow blouse, a straight skirt, aged, black, waxed moccasins

You hide behind your gaze

You lie in wait for me, the habit of the humiliation of suffering

No more revolt

Auscultation, x-ray, examination,

your breathing rests on a few alveoli miraculously saved from destruction

You ask me some questions

The emergency is to care

Trust is established

You leave with treatment

You want to do what it takes to get better

We will meet again.

Always discreet, attentive, dressed with respect for yourself

despite the suffering, despite shortness of breath

no reimbursement, no off-label medications

One day a hint of a smile, you had a job in catering

The following week, veil of worry, it was necessary to complete this famous document,

that of the prefecture signed by a doctor which justifies that your residence authorization is extended due to treatment if this is impossible in your country

I knew then that you were from Congo

The next day, you no longer have tears to tell me about the administrative refusal

The return despite your efforts to OQTF status, an odious acronym

You tell me, tonight I'm sleeping outside, this happens to me often

but I always find someone who takes my daughter in

I learned that you came to France with your 6 year old daughter

I will find out later that you left 5 other children behind, boys? and your husband

The waiting room is full, whatever,

Tonight you won't sleep outside

Activate host association contacts

A few questions, distrust despite everything,

what entourage? what to do ? attention …

finally an address to which you are going to go….

Your journey punctuated by reception centers, calls from social workers,

empathetic, worried, scandalized by a humanism at half mast.

I know you're feeling better, that you've gained a little weight

that nothing can repair what is destroyed

that you are a strong woman

that you are not fooled

You tell me about your daughter's accident, run over by a scooter,

she might lose an eye

Proud a little later you will come for consultation, back in the city

of our meeting, with her, a new test successfully overcome.

Other caregivers will close the door to you because you are a little late,

others will demand the currency of the consultation

“you never know…you understand the social security deficit…”

No, I do not understand !!

You will never complain, you will never respond

My office is now closed

I would love to hear from you

The hypocrisy of a paper welcome,

the fear of the other, who is just a living person who suffers,

another ourselves,

values which remain an incomprehensible reality.

But there is you Hortense

a very beautiful person who tells us about the world

of its horrors, of its treasures.


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